La FSU Lozère s’adresse à tous les agents de l’enseignement et de l’éducation :

Prendre ses responsabilités…

Le Président de la République et son gouvernement ont fait le choix de la reprise de la scolarité dès le 11 mai 2020. Au nom de la relance économique, ils engagent leur responsabilité juridique, morale et politique dans cette décision qui n’a pas eu l’aval du conseil scientifique national, pourtant nommé par ce même gouvernement.

L’ouverture des lieux scolaires et la reprise de la classe ne sont pas des décisions sans risques et ce pour toute la société. Elle ne peut se concevoir qu’aux conditions de garanties optimales de sécurité sanitaire en situation de travail qui sont loin d’être encore maîtrisées à ce jour.

Assurer la sécurité au travail, de surcroît dans un espace accueillant du public, nécessite une évaluation précise, spécifique et professionnelle des risques et doit déboucher sur des moyens renforcés en complément des instructions sanitaires générales.
Or, la mise en application locale du protocole sanitaire national finalisé seulement le 3 mai 2020, se fait dans la précipitation et dans une concertation chaotique, prenant en compte pour partie les recommandations scientifiques de l’autorité médicale mais sans s’appuyer sur l’expertise des personnels et de spécialistes de l’analyse des risques professionnels.

Ainsi, sur la Région Occitanie, l’Académie de Montpellier et le département de la Lozère, à ce jour, bon nombre d’instances (CTA, CHSCT-A, CAEN,CTSD, CHSCT-D ,CDEN, CE, CA et CHS d’EPLE) réunissant les différents acteurs et partenaires de l’Ecole se sont tenues très tardivement et d’autres sont encore en attente ou non programmées pour travailler au sujet du dé-confinement et de la reprise scolaire et éducative.

Dans le même temps, les responsables locaux (élus des différentes collectivités territoriales, directrices et directeurs d’école, chefs d’établissements, IEN, présidents d’associations partenaires de l’école…) sont soumis à l’injonction de mettre en œuvre pour le 11 mai un protocole sanitaire local qui pourrait engager leur responsabilité alors que dans le même temps, le protocole sanitaire définitif national est beaucoup mois cadrant que le projet lâché dans les media quelques jours avant. Le transfert imposé de responsabilité au niveau local est pour nous la preuve des insuffisances gouvernementales pour assurer une reprise scolaire et éducative dans de bonnes conditions.

La FSU Lozère a toujours placé l’impératif de santé et de sécurité pour toutes et tous comme exigence première et comme préalable à tout retour dans les établissements tout en considérant qu’il est nécessaire de pouvoir reprendre l’école et sortir d’une situation où l’ensemble des élèves subissent les conséquences de la crise et où les inégalités scolaires se creusent en particulier par le biais d’une soit disant « continuité pédagogique ».

En tout état de cause, les éléments suivants nous semblent incontournables pour une reprise scolaire dans des conditions optimales pour garantir la santé de tous les agents, de tous les élèves et de leur famille :

  • la mise en place d’une politique massive de tests qui devra correspondre aux préconisations du conseil scientifique et de l’OMS ;

  • la désinfection des écoles, services et établissements scolaires qui ont été fréquentés pendant la période de confinement avec des dotations en matériel spécifique (équipements, masques…) et une protection adaptée ;

  • la fourniture gratuite des matériels de protection (gel hydro alcoolique, gants et masques chirurgicaux ou FFP2) en quantité suffisante pour les agent-e-s et les élèves adaptés à la situation de travail de chacun ;

  • la prise en compte des situations des personnels tant sur le plan médical que psychologique ou familial avec la possibilité pour ceux-ci de ne pas avoir l’obligation de revenir dans les établissements et de poursuivre le travail en distanciel ;

  • des garanties concernant la limitation des effectifs par groupes dès le retour des élèves (retour qui ne peut être simultané de celui des adultes), pour permettre la distanciation physique exigée par ailleurs, et ce pour l’ensemble des niveaux et tous les lieux fréquentés par les élèves et personnels (cantines scolaires, internats, couloirs…) ;

  • la présentation des protocoles sanitaires locaux en Conseils d’école, en CHS et Conseil d’Administration, en AG exceptionnelles des associations partenaires de l’école avant la réouverture des établissements et structures scolaires et éducatives et leur cadrage par des circulaires et leur validation par les autorités compétentes et par une commission de sécurité tant pour le respect des impératifs définis dans le protocole que pour l’organisation de l’accueil réduit des élèves ;

  • pour les personnels la formation aux gestes barrières par des professionnels compétents en la matière ;

  • la reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle pour tous les agents.

 

Les discours produits depuis quelques jours font reposer la réussite de la reprise scolaire et éducative, et plus globalement celle du dé-confinement, sur la responsabilité individuelle de chacun. Or, si un cadre suffisamment clair n’est pas concerté, mis en œuvre et clairement annoncé en amont de la reprise scolaire et éducative, la responsabilité individuelle de chacun des agents sera alors confrontée localement à des demandes contradictoires ne relevant que de leur hiérarchie directe.

Dans ce contexte, la FSU Lozère prend ses responsabilités en tant qu’organisation syndicale dont les mandats sont ceux de la défense des intérêts moraux et matériels de tous les agents de son champ de syndicalisation. Elle s’interroge et interroge sur l’impact psychologique d’une reprise dans de telles conditions d’accueil pour les élèves qui auront déjà subi la période de confinement et l’ambiance stressante d’un danger permanent véhiculé par la communication quotidienne autour du covid 19. Elle s’inquiète de son impact traumatisant à court et long terme pour les plus jeunes enfants.

La FSU Lozère demande donc de reporter l’ouverture après le 11 mai et tant que les conditions sanitaires ne seront pas réunies et n’auront pas été vérifiées à tous les niveaux.

Les personnels techniques des collèges et des lycées, les ATSEM, les personnels de service, les personnels administratifs, les auxiliaires de vie scolaire, les animateur-trices, les enseignant-es, les travailleur-ses sociaux-les, les infirmier-es… seront directement exposées et prendront ainsi tout comme l’ensemble des personnels des crèches, auxiliaires de puériculture, EJE, puéricultrices ou encore assistantes maternelles ou familiales, le risque potentiel d’être contaminé-es et de contaminer leurs collègues de travail et/ou leur entourage si des protocoles sanitaires locaux sont déficients ou mal appliqués.

Pour couvrir les personnels placés dans ce type de situation pouvant mettre en danger leur santé et celle de leurs proches, la FSU Lozère invite les agents à débattre avec un maximum de collègues, dans chaque structure durant des réunions du type « heure d’information syndicale » pour faire le point sur la situation et arrêter collectivement les décisions à prendre, à s’informer sur les possibilités et conséquences relatives au droit de retrait, et à se déclarer collectivement grévistes et faire remonter auprès de leur chef de service et de leur organisation syndicale les motivations concrètes de leur décision.

Pour permettre cela, la FSU Lozère a déposé, le mardi 5 mai 2020, auprès Madame la Préfète du département de la Lozère, Madame la Rectrice de l’Académie de Montpellier, Mme la Présidente du Conseil départemental de la Lozère, Monsieur l’IA-DASEN de la Lozère, Madame la Directrice du Centre de Gestion de la fonction publique territoriale Lozère, Monsieur le Directeur de la DRAAF Occitanie un préavis de grève couvrant la période du lundi 11 mai à 7h au samedi 30 mai à 7h.

La FSU Lozère continue d’intervenir à tous les niveaux avec une seule et unique boussole : protéger tous les personnels afin qu’ils ne soient pas mis en danger.

Pour la FSU Lozère, c’est bien l’action collective qui permettra de construire les conditions de l’action la plus efficace pour faire valoir les droits de chacun des agents.

N’hésitez pas à entrer en contact avec la section départementale où son représentant local en cas de présence d’une situation qui vous pose question ou problème.