Ce CDEN (Comité Départemental de l’Education Nationale) a été reporté au 11 Juillet en l’absence de quorum

DECLARATION PREALABLE

CDEN du 5 juillet 2019

Ce CDEN se tient au terme d’une année scolaire marquée par une succession de réformes régressives d’une ampleur inédite et qui ont particulièrement marqué notre champ professionnel : loi de transformation de la Fonction publique, projet de loi sur « l’école de la confiance », réforme des lycées généraux et technologiques, réforme des lycées professionnels, réforme du baccalauréat, réforme des programmes, renforcement de la sélection pour l’accès à l’enseignement supérieur grâce à Parcoursup.

Nous voici au terme d’une année scolaire qui aura connu un nombre de mobilisations sans précédent dans l’Education nationale car Jean-Michel Blanquer a réussi l’incroyable exploit d’unir la communauté éducative contre l’ensemble de sa politique et de ses réformes imposées à un rythme effréné, contre l’avis quasi unanime des personnels. Tous les textes concernant ces réformes ont été largement critiqués et ont fait l’objet d’oppositions majoritaires dans toutes les instances consultatives nationales, et plus particulièrement le Conseil supérieur de l’Education.

Le ministre a donc fait le choix dangereux d’ignorer toutes les analyses contradictoires et ce avec un niveau de mépris et un déni de démocratie rarement atteints. Les débats parlementaires permettent d’ailleurs au ministre et à son gouvernement, aidés en cela par certains députés et sénateurs, de donner encore plus dans l’autoritarisme et le manque de respect des personnels, de leurs représentants et des élèves (comme en témoigne la journée chaotique des délibérations du baccalauréat d’hier). Dans ce contexte, les passages en force par décrets (2e HSA obligatoire, projet de décret sur la formation continue durant les congés scolaires) sont autant d’exemples d’une vision poujadiste de la Fonction publique et des Fonctionnaires.

Le mépris gouvernemental et ministériel se traduit dans les faits par le déni total et assumé de tout dialogue social : pour la FSU, le dialogue social n’a rien d’un détail technique et administratif : il est un principe fondamental. La loi de transformation de la Fonction publique confirme et amplifie le mouvement radical qui vise à remettre en cause ce dialogue social, au point de la dénaturer complètement. Dans un contexte sociétal et politique très dégradé, les réformes en cours sont présentés avec quelques éléments de langage qui expriment à la fois mépris et condescendance envers tous les personnels et toute l’éthique professionnelle qu’ils s’efforcent de faire vivre malgré tout dans tous les services, établissements et écoles au cœur de leur métier. Nos collègues ne supportent plus ce décalage et expriment leur exaspération de plus en plus fortement.

Les conflits de valeurs ainsi structurés sont particulièrement inquiétants pour tous les  représentants syndicaux responsables que nous sommes. Il devrait en être de même pour vous et provoquer une rupture dans le non-dialogue social qui est organisé depuis plusieurs mois tant au niveau local qu’au niveau national.

Car le problème est ainsi posé : malgré une communication, parfois mensongère, les réformes ne sont pas acceptées par l’immense majorité des personnels et des usagers.

La question posée est celle du pourquoi : idéologiquement, ces réformes consacrent une cohérence idéologique construite sur  le mythe libéral de l’individu performant, entreprenant, et qui, parce qu’il « réussirait » à un moment de sa vie, serait le seul qui mériterait finalement de recevoir les bénéfices d’une éducation de qualité et diversifiée. Cette cohérence idéologique aboutit à mettre en œuvre des réformes qui nuisent à l’intérêt général qui est capté au profit de quelques uns au nom d’une soit disant méritocratie qui cherche à donner moins à tous et peu à certains. Ces réformes, qui se font aux dépends des élèves, n’épargnent pas les personnels qui voient leurs conditions de travail se dégrader : restrictions des moyens et des postes (exemple local avec le sort fait aux moyens d’enseignements alloués par le Rectorat au site mendois de la FDE-ESPE et fermeture de 400 écoles rurales à la rentrée prochaine) ; dégradation du droit à mobilité ; accroissement de la charge de travail ; mise en cause plus ou moins explicite de leur expertise professionnelle (voir les contenus de la circulaire de rentrée 2019) ; volonté de mise au pas consacrée par l’article 1 du projet de loi sur l’école de la confiance ; mal-être et épuisement professionnel de plus en plus nombreux ; paupérisation par le gel de la valeur du point d’indice ; attaque sans précédent contre les garanties collectives construites dans un cadre paritaire. Même les élèves à besoins particuliers ne sont pas épargnés par ces logiques : la circulaire de rentrée sur l’école inclusive ne répond ainsi pas aux principales préoccupations en se concentrant uniquement sur les élèves en situation de handicap et en ne proposant aucun moyen pour la formation en présentiel, le recrutement ou encore l’accès à un vrai métier d’accompagnant.

Par ailleurs, la loi de transformation de la Fonction publique organise, pour les années à venir, le retour à une fonction publique d’obéissance aveugle et sans contrôle des corps intermédiaires. Elle met à mal les statuts de tous les fonctionnaires pour les empêcher de servir l’intérêt général et pour faire disparaître le principe du fonctionnaire-citoyen. C’est ainsi qu’il faut entendre la perspective de la fin de consultation des CAP (sur les mutations, les promotions et les avancements) dès le 1er janvier 2020 et le contournement du principe du recrutement par concours. Elle ouvre les conditions structurelles d’un asservissement des Services publics à quelques profiteurs en embuscade. Car le « marché » ne veut entendre parler ni de protections, ni de domaines où il ne peut pas s’activer au profit de quelques uns. Ces choix idéologiques portés par le Président de la République font déjà de nombreux dégâts : autour de chaque recul du service public d’éducation, les services payants se développent : soutien et compléments scolaires, entreprises de coaching pour l’orientation, développement des financements au privé, partenariats commerciaux et supports publicitaires, labellisation…

La prochaine étape de démolition à venir annoncée par ce gouvernement pour l’automne 2019 porte des modifications d’une ampleur jamais vue dans le système des retraites et des pensions, et s’inscrit dans la même logique idéologique : paupériser les futurs pensionnés, individualiser pour détruire les solidarités, ouvrir des marchés juteux à des groupes intéressés, et finalement détourner les personnels de la fierté d’exercer leur mission au service du pays et de la population et diminuer l’attractivité de nos métiers.

La FSU prépare dès à présent une rentrée offensive et poursuivra sont engagement avec tous les collègues et continuera de mener avec eux le combat pour lutter contre ces réformes régressives, tout en continuant de dénoncer, dès la rentrée, les effets concrets d’une politique éducative désastreuse pour les personnels et les élèves.