Depuis la fin de l’été, le ministre de l’Education nationale multiplie les interventions médiatiques pour déclarer toute sa confiance aux personnels qui œuvrent dans le Ministère pour mettre en place une rentrée 2017 irréprochable.
Cette communication tempère cependant bien mal les attaques de ce gouvernement à l’encontre des Fonctionnaires, attaques réaffirmées le 16 octobre lors du rendez vous salarial manqué où le Ministre de l’Action et des comptes publics a maintenu sa position dogmatique en ne tenant aucun compte de la contestation exprimée lors de la mobilisation unitaire réussie le 10 octobre :
gel de la valeur du point d’indice pour 2017 et 2018 réaffirmée, – recul d’un an de la mise en œuvre d’une partie des revalorisations salariales, déjà trop faibles, du PPCR, – retour du jour de carence qui selon le Ministre pourrait être compensé par les mutuelles… et donc par les cotisations des agents, – hausse de la CSG qui devrait être entièrement compensée mais qui ne permettra pas d’assumer la promesse du Président de la République d’augmenter le pouvoir d’achat de tous les fonctionnaires.
De plus, le projet de budget 2018, actuellement en débat au Parlement confirme la volonté de suppression de 120 000 postes de fonctionnaires (dont 70 000 dans la Fonction publique territoriale) durant le quinquennat, volonté qui va mettre à mal, sur l’ensemble du territoire et particulièrement dans notre département, le fonctionnement de nombreux services publics, dont celui de l’Education nationale, mais aussi les rémunérations des agents passées au crible d’un nouvelle politique d’austérité.
Les annonces dans le cadre de la préparation de la rentrée 2017 et de projets de réformes et de chantiers en 2017-2018 qui, au nom de la rentabilité du service public d’éducation, ouvrent la porte à une politique toujours plus ségrégative et mortifère pour la construction d’un vivre ensemble et d’une société progressiste, prônent une dogmatique éculée utilisant le concept d’autonomie pour le transformer en outil d’une politique d’austérité budgétaire dans des logiques libérales et économistes :
autonomie laissée aux communes pour décider de continuer ou non les rythmes scolaires et la semaine des 4,5 jours… créant ainsi sur tous les territoires de profondes inégalités et l’éclatement du cadre national ; – autonomie laissée aux collèges pour mettre en place une réforme de la réforme des collèges 2016 à moyens constants, poussant à une concurrence exacerbée entre les différentes disciplines enseignées pour qu’elles puissent continuer d’exister (sections européennes versus latin, langues régionales versus classes dédoublées…) ;
autonomie laissée aux lycées pour l’évaluation du baccalauréat (projet de seulement quatre disciplines évaluées en contrôle terminal, national et anonyme… et tout le reste en contrôle continu) ; – autonomie laissée aux différentes universités pour mettre en place une procédure de sélection des étudiants, construite sur un référentiel de pré-requis obligatoires pour être inscrit en L1, référentiel qui fait obligatoirement penser à un livret de compétences rejeté en son temps par la majorité de la profession enseignante du second degré. – perspective d’autonomie laissée aux chefs d’établissement du second degré pour le recrutement des personnels enseignants et d’éducation.
Quant au bilan de rentrée dans le premier degré en Lozère, avec un P/E très favorable et des mesures provisoires en faveur des trois écoles à plus forts effectifs, la FSU aurait pu le qualifier de positif, mais elle a aussi la responsabilité de témoigner de la lassitude de la profession blessée voire désabusée du fait d’une gestion ministérielle peu respectueuse du professionnalisme et de l’investissement des enseignants. Elle est aussi inquiète de l’avenir de nos petites structures rurales et plus largement du maillage territorial scolaire au regard de la réalité démographique de notre département. La FSU s’interroge, à partir des documents de travail de cette instance, sur les évolutions différenciées de la scolarisation dans les réseaux public et privé, ces évolutions ne s’expliquant pas pour elle que les causes démographiques.
La prise en compte des besoins des écoles de St Chély, Montrodat et Barre des Cévennes, à moyens constants, avec la mise à disposition de moyens supplémentaires pour l’année s’est faite à moyens constants au détriment des moyens de remplacement. Mais la FSU ne peut s’empêcher de voir dans cette générosité relative de l’administration que la reconnaissance de besoins récurrents qu’il s’agira bien de satisfaire réglementairement à la prochaine carte scolaire.
Par ailleurs la baisse démographique générale dans le premier degré, très sensible dans certains secteurs isolés, nous conforte dans l’idée que les services publics d’éducation sont nécessaires pour le maintien et la revitalisation de nos territoires ruraux. La FSU attend un véritable travail de fond de l’administration avec les collectivités territoriales dans l’élaboration des mesures d’alerte pour la préparation de la carte scolaire. Dans le contexte démographique lozérien, notre fédération ne peut que se féliciter de la politique d’accueil développée depuis plusieurs années par certaines collectivités locales et le département. Cependant elle s’inquiète pour l’avenir de demandeurs d’asile ayant des enfants scolarisés dans nos écoles et qui pourraient être très prochainement contraints à quitter notre territoire.
Concernant les personnels en contrats aidés dans notre département, malgré nos demandes récurrentes, nous restons à ce jour dans l’attente de documents de l’administration éclairant réellement le sujet en Lozère. Ceci ajoute à notre inquiétude sur les conséquences de la volonté ministérielle réduire le nombre de contrats aidés à seulement 200 000 en 2018 (pour rappel 479 000 en 2016 selon la cour des comptes et 320 000 prévus fin 2017). Ces emplois précaires seraient réservés au seul secteur nonmarchand, c’est-à-dire le secteur qui n’a pas rempli sa mission de formation et d’insertion professionnelles jusqu’à ce jour. Ceci va provoquer la mise à mal et la disparition de nombreuses missions qui ont toutes leurs places dans notre système scolaire (aide à la direction d’école, personnels en charge des réseaux informatiques, aide à la vie scolaire, accompagnement des élèves en situation de handicap…). De plus, la FSU ne peut accepter la volonté gouvernementale de faire intervenir des contrats civiques sur des emplois dans nos ministères. De même, toujours pour la FSU, il ne s’agit pas de poursuivre le recours aux contrats aidés mais bien de créer les emplois statutaires pour des personnels formés afin de répondre aux nombreux besoins.
Concernant le second degré départemental, le premier constat est celui de l’affaiblissement du taux d’encadrement après cette rentrée 2017. De constat 2016 à constat 2017, on retient une hausse de 84 élèves dans les collèges lozériens. Cette hausse est presque le double de celle envisagée dans le cadre de la préparation de rentrée. Pour faire face à cette hausse conséquente d’effectifs, la DGH réelle de cette
rentrée 2017 (à hauteur de 3335 heures) progresse seulement de 47 heures par rapport à la DGH réelle de la rentrée 2016. Le taux d’encadrement départemental connait donc un affaiblissement, passant de 1,34 en 2016 à 1,31 en 2017. Cet affaiblissement du taux d’encadrement départemental conduit à cette rentrée 2017 à l’existence de nombreuses classes de collège avec des effectifs lourds (entre 25 et 30 élèves) : en 5e au Bleymard, en 3e à La Canourgue, en 5e à Florac, en 6e à Langogne, en 6e et 4e à Mende et en 6e à Meyrueis. Dans ces classes, des moyens manquent pour mettre en place des dédoublements nécessaires pour la réussite de tous les élèves.
Cette rentrée scolaire est aussi marquée, en collège comme en lycée, par la progression de la précarisation des enseignants et des personnels de vie scolaire. Le nombre d’heures d’enseignement non couvertes, par des personnels titulaires en postes ou en zone de remplacement, progresse très dangereusement pour se situer un niveau jamais atteint.
De plus, en collèges, les remplacements des agents TOSS ne sont pas toujours réalisés, posant des difficultés importantes dans les services de certains établissements. S’ajoutent aussi des conditions matérielles de rentrée posant encore souvent souci (financement des manuels scolaires, problèmes informatiques récurrents) et de nombreuses questions se posent aux personnels pour savoir dans quelles conditions ils pourront travailler avec leurs élèves dans les mois à venir quand les chantiers s’ouvriront dans plusieurs collèges (Le Bleymard, Sainte Enimie, Mende).
L’ensemble de ces situations auxquelles s’ajoutent des conditions de travail dégradées par des rapports hiérarchiques construits sur des politiques managériales d’un autre temps, provoquent une très forte souffrance au travail et de nombreux dysfonctionnements traduits par l’augmentation du nombre de saisines du CHSCT-D et les recommandations post-visites de cette instance.
La FSU Lozère constate donc que l’espoir relatif de changement, suite aux élections du printemps 2017, est déjà fortement déçu dans toute la profession. La perspective des prochains mois avec la continuité des attaques qui s’annoncent sur les retraites, le financement de la sécurité sociale ou la formation professionnelle conduisent la FSU à envisager, dans une démarche unitaire, la construction d’un mouvement social le plus large possible pour faire valoir une politique progressiste sur toutes ces questions et défendre et promouvoir les services publics et l’ensemble des fonctions publiques particulièrement sur notre territoire rural.
Source: fsu48