CDEN du 19 mars 2021
DECLARATION PREALABLE
Nous tenons ce CDEN, aujourd’hui 19 mars, dans un contexte particulièrement dégradé : 16 départements français seront placés en confinement ce soir, le virus continue
de se diffuser massivement, ses variants aussi. La Lozère n’est pas épargnée : 97 morts du covid19 recensés au 16 mars, des établissements scolaires touchés par des variants sur
Florac, Le-Pont-de-Montvert, Saint-Chely-d’Apcher et sur Mende… dernièrement.
Dans ce contexte,
- Comment comprendre les postures de certain(e)s qui depuis quelques jours en appellent à mettre fin à l’enseignement à distance, à reprendre les cours à 100 % en présentiel dans le second degré ?
- Comment se fait-il que les personnels enseignants ou AESH ne disposent toujours pas de moyens suffisamment protecteurs en maternelle où les élèves ne peuvent porter de masques ?
Pour la FSU Lozère, cette situation de plus en plus problématique révèle des manquements politiques importants dans les décisions prises pour tenter de faire fonctionner le service public de l’éducation nationale dans de bonnes conditions.
Comme nous avions pu l’écrire pour le CDEN du 24 avril 2020, « la FSU demande qu’un protocole sanitaire national obligatoire et strict prenant appui sur des recommandations de la communauté scientifique et après consultation de l’ensemble des acteurs soit très rapidement publié pour ne pas laisser les responsables locaux dans une expectative dangereuse pour la santé de tous et pour préparer tous les personnels, toutes les familles et tous les élèves aux nouvelles conditions de fonctionnement des structures scolaires ».
Force est de constater que l’expérience subie depuis un an par tous les personnels auxquels le ministre imposant autant d’atermoiements, de contre-vérités méprisantes quotidiennes, laissant la place à l’autonomie locale frisant parfois à la cacophonie, considérant comme un dogme la politique éducative de l’offre générant pourtant la
concurrence entre tous et en particulier sur notre département, entre l’école publique et l’école privé, aboutit à la balkanisation connue actuellement.
Comment concevoir, dans le cadre de consignes mettant en demeure chaque individu de faire preuve de responsabilité individuelle, alors que la responsabilité gouvernementale et l’ensemble de ces manquements dans ce dossier sont flagrants, et singeant les solidarités nationales intergénérationnelles, puissent se développer des postures appelant à la reprise à 100 % comme si rien ne se passait ?
La FSU 48 milite activement pour la construction d’un « monde d’après » qui ne soit pas le jumeau en pire de celui que nous vivons depuis plusieurs décennies. Dans ce cadre,
les services publics en général et celui de l’Education en particulier doivent être pensés comme un investissement pour l’avenir et non, comme nous le vivons malheureusement
tous les jours, une charge pour la société. Depuis un an, les Fonctions publiques et les services publics ont démontré, leur capacité à faire face, dans un contexte où les besoins de services publics de qualité et de proximité, rendus par des fonctionnaires recrutés sur concours n’ont jamais été aussi forts pour la population.
La FSU Lozère ne peut que dénoncer la situation qui est faite à tous les agents des services publics et en particulier à ceux de l’Education nationale :
- conditions d’exercices mises à mal ;
- rémunérations indiciaires qui continuent d’être gelées comme la valeur du point d’indice ;
- conditions de promotions et de mutations rendues obscures par la loi de Transformation de la fonction publique dont nous demandons l’abrogation immédiate ;
- nombre de postes importants à créer plutôt que de développer des heures supplémentaires et primes qui sont les vraies supplétives d’une réelle revalorisation salariale.
Notre ministre multiplie les annonces médiatiques, mais aucun plan d’urgence n’a été annoncé pour l’école, aucune stratégie globale n’est mise en place face au Covid19 et aux conséquences désastreuses pour l’Education de tous les élèves.
Test massifs et réguliers dans les écoles, collèges et lycées ?
Vaccination prioritaire de tous les personnels de l‘Education nationale ?
Rien de tout cela, ces mêmes personnels étant promis à sortir un euro symbolique de leur poche pour pouvoir obtenir un test salivaire… Beau symbole de mépris pour l’ensemble des personnels de ce Ministère.
Pour la FSU la continuité du service public de l’éducation est une nécessité absolue.
Mais force est de constater que le gouvernement a refusé de mettre les moyens nécessaires pour permettre la réussite de tous nos élèves et l’accomplissement de toutes
leurs possibilités, préférant des hybridations générant de profondes inégalités que des ½ groupes classes partout.
Ceci se traduit pour la préparation de la rentrée 2021 à un constat départemental particulièrement inquiétant :
Dans le premier degré avec une dotation de zéro poste attribué par la rectrice en janvier, le projet de fermetures et ouvertures de postes ne pouvait que dégrader les services publics d’éducation en Lozère. En effet ce ne sont pas moins de onze postes d’enseignants au service de la réussite de tous-tes les élèves de notre département rural qui sont proposés à la fermeture dans ce difficile contexte sanitaire.
Ainsi à la fermeture d’une classe à Albaret-Sainte-Marie, à Badaroux, à Chanac, à Fournels, à la Coustarade de Marvejols, à Rouffiac / Saint-Bauzile et à Saint-Germain-du-Teil viendraient s’ajouter les retraits des postes d’enseignants animateurs soutien (ASOU) en milieu rural à Langogne, Florac-Le Pont de Montvert et Saint-Etienne-Vallée-Française Sainte-Croix-Vallée-Française-Pont Ravager-Gabriac ainsi que le dernier poste d’enseignante de l’équipe mobile académique de liaison et d’animation (EMALA). Ces quatre postes sont dédiés aux territoires ruraux…
Pour la FSU Lozère, la période ne se prête pas à des fermetures au prétexte d’un rééquilibrage même si les effectifs sont en légère baisse. Elle a longuement argumenté pour le maintien de tous les postes et par la même le soutien aux écoles qui ont su répondre présentes dans la période de crise sanitaire. Elle a approuvé le projet d’ouverture à l’école de Rimeize promis depuis deux ans et a sollicité une ouverture pour Nasbinals actuellement classe unique avec une prévision d’effectifs entre 18 et 20 élèves.
Nul ne peut prévoir quand cette crise sanitaire et son lot de protocoles dans les écoles pour assurer la sécurité de tous prendra fin. On ne peut donc comprendre des décisions qui viendraient ponctuellement alourdir les effectifs par classe alors qu’il est déjà très difficile dans les infrastructures de nos petites écoles lozériennes de respecter la nécessaire distanciation des élèves. Comme il est incompréhensible d’envisager la suppression des postes d’ASOU dédiés au soutien des élèves en difficulté, difficultés accentuées depuis un an.
Enfin, à l’heure où les écrans prennent dangereusement plus de place chez les enfants, où la lutte contre le harcèlement et la promotion de l’égalité fille garçon dès le plus jeune âge sont affichées comme des priorités nationales, la fermeture du poste d’EMALA est inacceptable. Lors des dernières années, le travail fourni par le personnel EMALA a permis à la Lozère de rayonner bien au-delà de ses frontières : prix académique sur le concours « Non au harcèlement » avec l’école de Badaroux, premier prix Occitanie du concours « Buzzons contre le sexisme » avec l’école du Pont-de-Montvert, jusqu’au premier prix national « Non au harcèlement » obtenu par une classe de Banassac.
Avec une dotation nulle impossible d’abonder les moyens de remplacement en ouvrant sept postes de titulaires remplaçants si ce n’est au détriment de classes. Certes, la situation du remplacement, particulièrement dans cette période de crise sanitaire mais aussi depuis quelques années, pose un vrai problème de respect de la continuité d’accueil du service public d’éducation. Cela fait des années que la FSU Lozère alerte sur ce sujet et demande des moyens supplémentaires pour ouvrir des postes de remplaçants.
Ce projet inédit de carte scolaire a reçu par deux fois un vote défavorable unanime des représentants des enseignants du premier degré toutes organisations syndicales confondues. De nombreuses voix se sont élevées tant chez les enseignants que chez les parents d’élèves, les élus, les professionnels hors éducation nationale qui accompagnent les élèves en difficultés contre ces fermetures. La FSU Lozère espère que leurs arguments pour défendre l’école publique rurale du département auront été entendus.
Dans le second degré, les collégiens et lycéens après un an de cumul de difficultés dans leurs apprentissages à cause de la crise sanitaire, vont devoir conserver des conditions d’enseignement maintenues dans leur faiblesse à cause du choix ministériel de poursuite des suppressions de postes dans ce secteur. Sourd à tout, ce ministre persiste à supprimer des postes, chaque année un peu plus : 7490 emplois supprimés dans le second degré depuis 2018, suppressions nourries en partie par la réforme des lycées, alors que les effectifs élèves continuent de progresser. La rentrée de septembre 2021 doit se faire avec 1883 emplois d’enseignants en moins, et comme chaque année sans création d’emplois de CPE, de personnel de santé ou de psychologie.
Globalement les DHG des collèges et des lycées de Lozère restent gelées alors que les conditions d’apprentissage dégradées des élèves et les conditions de travail de plus en plus difficiles des personnels auraient nécessité un investissement important pour la jeunesse.
Voilà, en quelques mots la priorité à la jeunesse mise en œuvre par ce gouvernement. L’inquiétude légitime se profile dès maintenant pour les examens à venir.
Le Ministère entretient son refus de réforme des programmes et d’évolution de la passation des examens. S’enferme-t-il à nouveau dans le déni de la réalité, comme au printemps 2020, pour au final imposer le contrôle continu comme seul procédé d’évaluation pour les examens nationaux, faisant fi des rythmes d’apprentissages divers liés
à l’autonomie des établissements qu’il soutient en même temps ?
Si la crise sanitaire a de nouveau confirmé le rôle irremplaçable de la fonction publique et de ses agents, force est de constater que, pour l’essentiel et en dépit de discours lénifiants, le pouvoir exécutif poursuit sa politique libérale néfaste aux services publics, dont celui d’Education.
Pour la FSU Lozère, la journée nationale d’action du 6 avril 2021 sera à nouveau un moment fort pour agir et revendiquer tous ensemble, agents des services publics, élus et usagers pour un autre avenir pour la Fonction publique.
Les élus FSU au CDEN de la Lozère