FSU Lozère

Section Fédérale des Retraités

 

 100 % sécu, c’est le moment !

 

Ce texte de la SFR FSU 48 date du début du mois de mai 2020. Un mois plus tard s’ouvre le « Ségur de la santé » qui entend « tirer collectivement les leçons de l’épreuve traversée […] pour bâtir les fondations d’un système de santé encore plus moderne, plus résilient, plus innovant, plus souple ». Présentation qui met en avant un vocabulaire très « monde d’avant Covid » quand les soignants demandent postes et salaires.

Ah la modernité, la souplesse…

Tout ceci est assez inquiétant. Raison de plus pour rappeler les demandes de la FSU.

Très vite vont arriver les questions concrètes et les réponses à ces questions nous engageront pour longtemps. Par exemple en matière de perte d’autonomie ce n’est pas la même chose de l’intégrer au risque maladie, ce que demande la FSU, ou de créer une cinquième branche avec ses cotisations propres. La période qui s’ouvre exigera une grande clarté des positions des uns et des autres sous peine de lourdes déconvenues, et certaines déclarations unanimistes que l’on entend çà et là ne remplissent pas obligatoirement ce critère.

 

Au moment ou se précise aux États-Unis un plan de relance incluant la distribution directe de monnaie aux ménages, la FSU doit avancer ses propres propositions. Chose difficile dans une économie ouverte et qui le restera longtemps puisqu’on ne peut effacer d’un trait de plume des décennies de désindustrialisation comme le montre l’épisode des masques. Il ne suffit pas de distribuer un revenu supplémentaire pour réduire le chômage en relançant la demande et on ne peut guère échapper à l’accroissement du déficit extérieur qu’entraînerait une simple distribution de pouvoir d’achat, même réservée aux ménages les plus modestes, ceux qui sont censés dépenser toute nouvelle recette.

Il faut donc aussi, et surtout, raisonner en termes de besoins sociaux non ou mal satisfaits, en cherchant les moyens et les conditions pour les satisfaire. Ces besoins sont nombreux mais celui pour lequel la situation se prête le mieux à la construction d’un rapport de force est la santé. Il ne s’agit pas seulement d’agir pour défendre notre système hospitalier, mais de s’attaquer au problème du renoncement aux soins. Ce dernier a trouvé une réponse très partielle dans le reste à charge zéro mais celle-ci se traduit par un accroissement de la charge des mutuelles. L’extension de la couverture santé complémentaire a mis les assurances privées en concurrence déloyale avec la mutualité ce qui conduit progressivement cette dernière à un abandon de ses principes fondateurs.

 

De ceci résulte le mandat « 100 % sécu » de la FSU.

 

Ce mandat est utopique, c’est en ce sens qu’il est important. Il pouvait paraître formel ou suspendu à l’apparition d’un hypothétique temps plus favorable à la mobilisation.

 

Ce temps est venu, et pour réaliser l’utopie il faut deux séries de conditions.

 

D’abord une condition idéologique : affirmer le caractère essentiel de la santé ET de la socialisation des dépenses dans ce domaine : il faut montrer qu’on ne peut mettre la santé au centre, qu’en la socialisant. Le choc culturel du Covid se prête à l’acceptation de propositions fortes. Certaines mettent en avant le caractère fondamental des solidarités de proximité, position que nous partageons, mais en esquivant la question du système qui est centrale.

 

Ensuite des conditions techniques et économiques. Le 100 % sécu doit entraîner à la fois une augmentation des dépenses de santé, pour couvrir les besoins non satisfaits, et leur basculement des individus vers la collectivité. Il peut entraîner aussi une modification de la structure de ces dépenses, avec l’augmentation du poids relatif des dépenses de personnels, à condition de donner la priorité à l’emploi et de maîtriser le prix des équipements et médicaments.  Pour ces derniers il faut prendre en compte la désindustrialisation et les délocalisations. Les retards technologiques ne se rattrapent pas en un jour mais le Covid a montré les capacités de réaction de l’appareil scientifique et industriel, et il a parallèlement enfermé les dirigeants politiques dans un discours nouveau qu’ils se hâteront d’oublier. C’est donc le moment !

 

Il est nécessaire de lister les faiblesses et d’avoir des propositions pour y remédier.

 

La FSU ne peut prétendre à une expertise dans ce domaine, ce travail doit être intersyndical, et mobiliser toutes les compétences.

Les retraités sont d’autant plus concernés que l’objectif « 100 % sécu » s’applique aussi à la perte d’autonomie qui doit être totalement intégrée à la sécurité sociale. En ce sens le drame des EHPAD et le scandale du fonctionnement de certain groupes privés lucratifs pendant la crise du Covid constitue un levier puissant.

 

Le « 100 % sécu » peut être financé, comme peuvent l’être d’autres dépenses en matière de santé, d’éducation, de logement et il faut prendre au mot le Président de la République avant que sa formule « quel qu’en soit le prix » ne tombe aux les oubliettes.