Préparation rentrée scolaire 2020 pour le département de la Lozère (secteur Ministère de l’Education nationale).
Le département de la Lozère, selon les prévisions académiques présentées au début du mois de février 2020, devrait connaître une évolution contrastée des effectifs scolarisés dans l’enseignement public :
- -59 élèves dans le premier degré,
- -24 collégiens,
- +47 lycéens,
- +8 étudiants.
Dans ce contexte, les moyens alloués au département pour la rentrée 2020 se traduisent par :
- La perte d’un emploi enseignant pour le premier degré. Notre département, le plus rural de l’académie, n’a obtenu aucun emploi dans le cadre de la dotation exceptionnelle ministérielle (+1248 postes) allouée par décret début avril.
- Pour les collèges, le solde des postes enseignants est à zéro.
- Pour les lycées, 2 postes enseignants sont créés.
- Un moyen académique second degré est alloué au département pour financer le 2e emploi de RH de proximité.
- Pour les postes administratifs, infirmiers, Education, Direction et personnels de laboratoire, les soldes sont à zéro.
Le projet de carte scolaire premier degré du DASEN a reçu un vote unanime CONTRE des représentants des personnels
Plus d’infos, ici (Site du SNUipp-48)
DÉCLARATION PRÉALABLE DE LA FSU48
Cette année encore, le temps politique, qui n’est décidément pas celui de l’École, s’est imposé à cette dernière : la carte scolaire devait s’inscrire dans un calendrier bouleversé pour cause d’élections, faisant fi de l’intérêt premier des enseignants du premier degré.
Nous aurions aimé que la crise sanitaire sans précédent que nous traversons ait elle aussi un véritable effet sur ce calendrier : l’élection, ou non, d’un maire procurerait donc plus de crainte à ce gouvernement qu’un virus responsable, de par le monde, de plusieurs dizaines de milliers de décès?
Les demandes de report et de moratoire faites par le SNUipp-FSU au sein de notre fédération tant au niveau national que départemental n’ont pas été entendues en cette période de grande inquiétude, où les enseignants ont à gérer la continuité scolaire, l’accueil des enfants de soignants tout en s’occupant au mieux de leur famille…, Pourtant le respect strict du moratoire de la carte scolaire avec le seul maintien des ouvertures nécessaires aurait permis de ne pas impacter le calendrier du mouvement départemental du premier degré.
Nous persistons donc à dénoncer la décision de tenir à marche forcée les instances et l’organisation de cette instance dans les conditions imposées dans le contexte actuel de crise sanitaire nécessitant la mobilisation de tout en chacun pour une priorité d’ordre national. Nous réaffirmons que les conditions ne sont pas réunies pour permettre de travailler sereinement à cette carte scolaire avec tous les éléments nécessaires. Nous n’avons pu avoir accès à nos documents de travail collectés depuis novembre 2019 pour instruire cette carte scolaire et actuellement stockés dans nos bureaux, comme nous n’avons pu poursuivre de façon satisfaisante notre travail préparatoire comme les autres années.
Notre communication avec les écoles est rendue quasi impossible par leur fermeture. Il en est de même avec les mairies partenaires incontournables de l’école. Les nouvelles équipes municipales ne seront pas installées au mieux avant le mois de mai conformément aux directives préfectorales. Le dossier municipal de la carte scolaire n’est donc, pour l’heure et jusqu’en juin, entre les mains de personne et dans la période les opérations d’inscription, notamment en maternelle, ne peuvent avoir lieu et les chiffres prévisionnels ne peuvent donc pas être confirmés.
Oui, comment faire comme si de rien n’était ?
La crise sanitaire mondiale que nous connaissons aujourd’hui est déjà lourde de conséquences à tous les niveaux: sanitaire, économique, social, … L’augmentation continue du nombre de décès est un élément bien plus important que la récession économique alors que de nombreux gouvernants continuent de privilégier l’économie à la santé. En France le gouvernement d’E. Philippe oscille entre ordres contradictoires irresponsables et décisions liberticides sous couvert de pseudo consignes scientifiques s’autorisant au passage de contourner le code du travail et de rogner les droits des salarié·es. par ordonnances et par la loi d’état d’urgence. L’état dit d’urgence sanitaire ne doit pas être l’occasion du non respect des règles collectives essentielles à la vie démocratique.
Ainsi concernant le fonctionnement réglementaire des instances de la fonction publique et plus particulièrement celle gérant les opérations de carte les représentants de la FSU posent la question de l’assurance juridique des décisions présentées à ce CTSD alors que les instances hiérarchiques (CTM et CTA) n’ont, soit pas été réunie (CTM), soit pas pu s’exprimer (CTA) sur les répartitions des moyens exceptionnels pour le premier degré. »
A l’éducation nationale, la FSU 48 se refuse de donner plus d’importance qu’ils n’en méritent aux propos ministériels médiatiques contradictoires, méprisants niant les réalités vécues par nos collègues tous les jours en télétravail ou quand ils-elles vont garder les enfants de soignant·es. Toutefois nous souhaitons revenir sur la «continuité pédagogique», leitmotiv médiatique du discours ministériel asséné avec autant d’impudence qu’en son temps «l’école de la confiance» : Monsieur Blanquer pensait-il que les enseignants allaient laisser leurs élèves sans nouvelles «au bord du chemin»? La «continuité pédagogique», il serait bon que notre ministre s’en soucie lorsque les enseignants absents ne sont pas remplacés faute de personnels en nombre suffisant… Et aujourd’hui, en pleine pandémie, comme en temps normal, malgré une soi-disant «Éducation Nationale prête», la «continuité pédagogique» se trouve confrontée tant à des difficultés techniques qu’à des réalités sociales : la fracture numérique (le fait de disposer ou non d’une imprimante, de plusieurs ordinateurs ou d’une connexion, voire d’être familier avec l’outil informatique) ou simplement la fracture sociale (avoir suffisamment d’espace au domicile pour qu’un élève puisse s’isoler et travailler au calme, pouvoir être accompagné par les parents)… Ces difficultés que rencontrent enseignants, parents et élèves rappellent à tous qu’enseigner est un métier qui s’apprend et qui n’a de sens que dans le cadre de la classe.
Aussi nous voulons dès aujourd’hui, préparer l’après crise covid-19. Pour nous il ne s’agit pas de constater les inégalités que nous dénoncions déjà avant qu’elles ne soient mises en lumière par cette crise sanitaire mais bien de les combattre durablement en donnant les moyens nécessaires à l’École, de la maternelle à l’université.
C’est dans cet état d’esprit que nous abordons la carte scolaire qui doit anticiper le retour en classe avec à l’esprit la fracture scolaire qui n’aura pas manqué de s’aggraver même en Lozère. Dans le premier degré, le ministère de l’Éducation nationale a consenti à une dotation complémentaire en postes pour la rentrée prochaine. Pour autant notre département hyper rural reste sur une dotation négative. Mais comment pourrait-il en être autrement quand vous affirmez en CTA, alors que la Rectrice a annoncé avoir réparti cette dotation en concertation avec les Dasen et IEN, qu’il est peu souhaitable de conserver des écoles à petits effectifs ? Nous vous citons : en Lozère, « Il y a des classes où les élèves sont 7/8. Donc on ne peut décemment pas demander des mesures complémentaires. Sinon, on contrevient à l’intérêt des élèves. » Dans un département où les résultats sont excellents, particulièrement dans les écoles à petits effectifs, les élus.es, les parents, les enseignants apprécieront votre défense du territoire lozérien.
Dans votre second projet de carte scolaire, concernant les ex « plus de maitre que de classes » créés en 2015 requalifiés « Animation soutien en milieu rural » en 2019 pour les rendre moins visibles et les protéger, vous proposez aujourd’hui l’ajout de la mission de replacement « pour assurer leur pérennité ». Hier déjà vous vous êtes autorisé à solliciter les titulaires de ces postes sur des remplacements, au mépris de leurs missions premières, de leur engagement dans les dites missions, du travail d’équipe dont ils sont la cheville ouvrière, des élèves auprès desquels ils étaient engagés…et vous parlez de pérennité ? Demain pourquoi ne pas solliciter les conseillers pédagogiques, les enseignants référents, RH de proximité et autres enseignants dit hors la classe ? Ce tour de passe-passe pour créer des postes de remplaçants sur le dos des équipes pédagogiques des secteurs où sont implantés ces poste, alors que vous n’avez exprimé aucun besoin particulier en CTA, se ferait au détriment des réponses apportées aux difficultés identifiées et sera préjudiciable à certains élèves. Et un non remplacement n’est que la conséquence du manque d’anticipation et de moyens sur les besoins en remplacement. Pour rappel des territoires précis avaient été ciblés lors de l’implantation de ces postes en se basant sur des critères sociaux reflétant les difficultés et les inégalités scolaires. La longue période de confinement due à la crise sanitaire ne peut qu’amplifier cette réalité de terrain, et rend plus que nécessaire le maintien et la pérennité de ces postes dans leurs strictes missions d’animation et de soutien.
Si l’on y rajoute l’accès au numérique difficile dans nos zones rurales, parfois en zones blanches, et l’annonce des crises économiques et sociales pour la rentrée de septembre et qui frapperont durement ces territoires, cette affirmation est d’autant plus vraie. Alors que ceux-ci, apportent satisfaction dans les écoles où ils œuvrent, ils sont victimes des changements de politique éducative qui ne laissent place ni à l’évaluation des dispositifs, ni à la parole des enseignant·es sur le terrain. La FSU défend la pérennité de ces postes d’enseignant·es surnuméraires, porteurs de réussite scolaire dans leurs missions premières, leur création et leur implantation ayant été réfléchies en fonction des besoins du territoire, non pour faciliter la différenciation mais pour combattre les inégalités scolaires.
Pour finir, davantage peut-être encore que les années précédentes, les élèves et les personnels ont besoin de pouvoir se reposer pendant les vacances de printemps. L’ensemble des organisations syndicales et la FCPE ont adressé un courrier au ministre pour dénoncer la mise en place d’un programme de soutien scolaire à distance pendant les vacances et lui demandent «d’affirmer clairement aux équipes enseignantes comme aux familles, que les vacances scolaires doivent être un temps de repos et de coupure et de leur faire confiance pour maintenir le lien éducatif». Combattre les inégalités ne peut pas passer par l’organisation, au cours des vacances de printemps, d’un «soutien scolaire ciblé» reposant de préférence sur «des séances en visio-conférence ou en audio-conférences». A qui veut-on faire croire pouvoir reprendre le contact avec des élèves qui, du fait de contraintes matérielles et/ou sociales, n’ont pas été en mesure de poursuivre seuls les apprentissages? Les inégalités se sont creusées pendant cette période, ce n’est pas avec des stages de quelques jours pendant les vacances qu’elles vont se résorber. De même il ne faut pas laisser croire que les élèves peuvent continuer de progresser dans les apprentissages comme si les cours avaient lieu normalement dans le face à face pédagogique de la salle de classe.
Lors de son discours du 12 mars dernier, notre président semblait découvrir la nécessité des services publics en déclarant entre autres : «Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché».Nous nous autorisons à compléter «en dehors des lois du marché et de toute logique comptable».
Alors oui, à l’issue de cette crise sanitaire, il faudra que les vérités fassent jour sur la gestion de l’hôpital public et les nombreux manques, la place de tous les services publics, leur marchandisation forcée orchestrée depuis trop longtemps, la part de responsabilité des politiques néolibérales successives dans cette crise. La FSU sera vigilante à ce que l’après crise ne soit pas l’occasion de détruire les droits, les solidarités, de poursuivre le démantèlement des services publics, ce qui aurait pour conséquence un avenir pire que le présent.
Les élu.es FSU au CTSD de la Lozère