Déclaration préalable CDEN 24 avril 2020

Ce Comité départemental de l’Education nationale se tient dans un contexte exceptionnel : le confinement nous oblige à devoir échanger sur les prochaines conditions de rentrée dans les 1er et 2nd degrés lozériens par le biais de la visio conférence qui, certes, permet des échanges mais n’est pas l’outil le plus efficace pour débattre.

Le confinement, comme cela a été annoncé par le Président de la République, pourrait être progressivement levé à partir du 11 mai pour permettre une reprise économique. Préconisé par des médecins spécialisés, dans cette situation de crise sanitaire inédite, le confinement strict était la meilleure mesure pour faire barrage au développement du coronavirus, ainsi seul.es les salarié.es exerçant des missions essentielles, c’est-à-dire nécessaire à la continuité de la vie, devaient travailler avec la garantie de la stricte protection qu’ils soient du secteur public ou du secteur privé et  les enfants et les jeunes étant des porteurs performants du virus crèches et écoles devaient être fermées.

Le 13 avril, alors même qu’il donne un temps long au confinement, le Président décide que les crèches, écoles, établissements scolaires rouvriront au public le 11 mai, sans grande précision et surtout à la surprise générale de tous.

Il y a une contradiction inquiétante de plus dans la communication du gouvernement.  La responsabilité du chef de l’Etat et de son gouvernement est totale dans cette décision et ce ne sont pas les nécessaires concertations lancées tout azimut depuis l’annonce présidentielle qui atténueront la portée du choix politique de la réouverture des écoles qui pourraient aboutir à une relance du processus pandémique sur l’ensemble du territoire national.

Nous ne sommes pas dupes, derrière l’ argument présidentiel de vouloir raccrocher à l’école ceux qui s’en seraient largement distanciés depuis la mi-mars, ce qui constitue en creux l’aveu de l’échec de la « continuité pédagogique numérique »  pour un très important pourcentage d’élèves français, c’est bien l’intérêt économique qui prédomine : pour que les parents puissent repartir au travail, il faut bien que  leurs enfants soient pris en charge par les personnels de l’Education nationale.

Pour la FSU Lozère, la réouverture des établissements, des écoles et des crèches ne doit pas mettre en danger la société toute entière.

La garantie de la protection sanitaire de tous les agents et des tous les élèves est la condition sine qua non du retour en classe. En cela la date du 11 mai qui génère beaucoup de peur et d’angoisse dans les professions et chez les familles, doit donc être dès maintenant « désacralisée », tant auprès des professionnels de l’Éducation Nationale que des familles. Elle ne peut pas être, pour nous, une date impérative mais une date totalement conditionnée à la mise en pratique de mesures sanitaires strictes pour assurer cette protection pour tous

La protection sanitaire de tous devant guider le processus de déconfinement, la réouverture des écoles et des différents établissements  scolaires ne pourra donc se faire qu’en respectant une série de conditions strictes clairement identifiées et listées nationalement pour ne mettre en danger ni les élèves, ni les personnels, comme l’ensemble de la société. Les premières propositions faites par le ministre devant la commission éducation de l’Assemblée nationale en tracent une première ébauche, très loin d’être aboutie et de répondre à l’ensemble des enjeux posés. Les enjeux sont multiples et les divers domaines concernés (transports scolaires, garderie, cantines, gestion sécurisée des espaces des classes et des espaces communs,  internats, accueil des parents, accueil et sortie des élèves…) nécessitent le strict respect d’un cadrage sécuritaire national et du temps pour le mettre concrètement en place partout.

La FSU, qui sera force de proposition et interlocuteur exigeant, demande qu’un protocole sanitaire national obligatoire et strict prenant appui sur des recommandations de la communauté scientifique et après consultation de l’ensemble des acteurs soit très rapidement publié pour ne pas laisser les responsables locaux dans une expectative dangereuse pour la santé de tous et pour préparer tous les personnels, toutes les familles et tous les élèves aux nouvelles conditions de fonctionnement des structures scolaires.

En amont de l’ordre du jour de ce CDEN, nous souhaitons donc que notre administration départementale puisse nous indiquer plus précisément quand et comment sera organisée la concertation pour l’organisation de la réouverture des établissements scolaires en Lozère. L’incertitude actuelle, liée à un mode de gouvernance, qui depuis plusieurs semaines entretient de nombreuses interrogations, génère un profond malaise dans les différentes catégories de personnels. Tous savent que la loi impose la responsabilité de l’employeur pour assurer la sécurité sanitaire des conditions de travail de tous les agents. L’Etat et ses représentants le sont ainsi pour tous les personnels FPE jusqu’au niveau local (chef d’établissement de chaque EPLE par exemple). La position actuelle de refus de notre ministère d’intégrer le Covid-19 dans la liste des maladies professionnelles renforce ces inquiétudes.

La réouverture des écoles à elle seule ne règlera pas le problème des inégalités qui ont été mises en lumière durant le confinement. Seule une réflexion et une réorientation de la politique éducative véritablement menée pour bâtir une autre école, accompagnée des moyens nécessaires partout sur le territoire, permettront de résorber ces inégalités. Ainsi nous voici revenu au sujet qui est principalement à l’ordre du jour de ce CDEN, le projet de carte scolaire préparant la rentrée dans le premier degré, projet contre lequel s’est prononcée la FSU Lozère en CTSD le 9 avril dernier. Pour la FSU, deux raisons majeures pour refuser catégoriquement ce projet : la dotation négative donnant obligation de « rendre » un emploi et  privant de la possibilité de créer un nécessaire poste de remplaçant et le refus du  moratoire par  l’IA-DASEN. Ce moratoire aurait permis de ne pas ajouter à l’angoisse de la période actuelle avec le projet de fermeture d’un poste dans une école maternelle mendoise et la modification des trois supports de poste « Animation-soutien en milieu rural » dans des territoires repérés sur des critères sociaux reflétant des difficultés et des inégalités scolaires, niant les besoins de ces territoires et leur éventuelle aggravation suite à la longue période de confinement.

Quant au poste de RH de proximité, présenté trompeusement comme un poste supplémentaire annulant la dotation départementale négative du premier degré, c’est effectivement un moyen donné par le rectorat mais pour assurer des missions administratives au profit de tous les personnels des premier et second degrés et administratifs.

De même, lors des CTSD (24 février et 16 mars) relatifs à la préparation de rentrée pour les collèges lozériens, la FSU avait dénoncé les conditions d’enseignement dégradées de la rentrée prochaine en lien avec le choix ministériel de supprimer 440 postes d’enseignants dans le second degré, aboutissant à un solde de création de poste à zéro sur notre département alors que des collèges vont connaître des classes à effectifs lourds dès septembre. La FSU Lozère demande que les élèves soient tous placés dans de meilleures conditions de travail durant l’année scolaire 2020-2021. Suite à plusieurs semaines de confinement, la FSU Lozère demande qu’un collectif budgétaire soit instauré pour permettre, dès la rentrée de septembre, d’organiser des conditions d’apprentissage diversifiées pour chercher à compenser les inégalités persistantes et qui se sont creusées durant la période de confinement.

 

Dans cette période où nos gouvernants clament dans les médias l’importance des services publics pour garantir la cohésion de la société et lutter efficacement contre la pandémie, véritable révélateur (s’il en était besoin…) des inégalités sociales et de leurs conséquences négatives dans tous les domaines de la vie quotidienne, les choix budgétaires réalisés, les conditions extrêmement dégradées du dialogue social à cause de la mise en œuvre de la loi de transformation de la fonction publique ou du passage en force sur le projet de réforme des retraites, les projets en cours (réforme des retraites, privatisation d’ADP…) démontrent que les discours de façade doivent rapidement se traduire dans les faits.

Une autre politique éducative est nécessaire, le renforcement et le développement des services publics pour tous et sur tous les territoires, en particulier dans les zones rurales, restent à réaliser dans le cadre d’une autre politique fiscale que celle mis en œuvre depuis maintenant trois ans.