CTSD du 10 septembre 2020

DECLARATION PREALABLE 

Nous tenons cette instance dans le cadre d’une rentrée particulière qui, après la période troublée du printemps dernier, semble démontrer que rien n’a changé dans la posture ministérielle et dans le choix de politique éducative portée par le ministre de l’Education nationale.

L’école, selon lui, serait prête à cette rentrée pour accueillir les élèves et poursuivre les apprentissages scolaires qui ne semblent pas, à ses yeux, avoir connu de perturbation entre le mois de mai et le mois de juin.

Quelques moyens supplémentaires à l’échelle nationale pour le 1er degré, combien pour le département de la Lozère où les moyens de remplacements sont déjà exsangues à peine quelques jours après la rentrée des classes ? Des heures supplémentaires dans le seconde degré (pour les devoirs faits en collèges, l’AP et du soutien pour les élèves volontaires) à hauteur de 3 HSE par classe, se traduisant par quelques minutes pour chaque élève pour tenter de rattraper les retards cumulés au printemps. Voilà l’effort national pour solde de tout compte.

Pour la FSU, les mesures prises par le ministère ne sont pas à la hauteur de l’enjeu.

Dans la logique de « on continue comme si rien ne s’était passé », le Ministère a refusé toutes les propositions de lissage des programmes scolaires, d’abandon des évaluations nationales de rentrée déconnectées des besoins des professionnels pour des outils adaptés aux réalités locales, ainsi que l’arrêt des réformes des épreuves et des lycées. Sans moyens conséquents pour pouvoir travailler en demi-groupes, le masque pour tous et la fin de la distanciation physique dans les classes favorisent, dans certaines classes de collèges, la mise en place de conditions d’apprentissage et de conditions de travail dégradées : 30 élèves en 5e à Marvejols, en 4e à Saint Etienne Vallée Française, 29-30 en 3e à Marvejols, 28-29 en 5e à Florac.

Cette situation de rentrée provoque une profonde inquiétude des personnels impliqués au quotidien, quelque soit leur fonction, pour la réussite de tous les élèves. Cette inquiétude est aussi tangible chez les élèves et les parents.

Sur le plan sanitaire, les allègements du protocole ministériel ne fixant plus qu’un cadre national souple, se traduisent sur le terrain par des protocoles très différenciés, dont certains posent de gros problèmes dans le fonctionnement quotidien des structures, et malgré la consigne gouvernementale de l’importance du port du masque pour éviter la diffusion du virus, très nombreux sont les personnels à ne pas avoir reçu de masques à la rentrée ou en avoir reçu en nombre très limité (2 étant la norme départementale la plus commune).

« L’école est prête » dit le Ministre, « pas vraiment » répondons-nous.

Dans cette situation anxiogène, le principe de l’enseignement à distance comme solution pédagogique est pour la FSU48 non acceptable. Ici encore rien n’a évolué depuis le printemps. Les personnels, quelle que soit leur fonction, n’ont toujours pas de matériel informatique et numérique professionnels et de connexion financés par l’employeur. La formation professionnelle dans ce domaine reste, au mieux, indigente. Par ailleurs, le constat pédagogique que nous avons pu faire de plusieurs semaines de distanciel au printemps a confirmé des fractures numériques, sociales et territoriales connues depuis longtemps sur notre territoire ; fractures qui ont eu des effets particulièrement négatifs pour les élèves éprouvant des difficultés scolaires. Les « vacances apprenantes », présentées elles aussi comme un outil de remédiation, n’ont concerné qu’un très faible nombre d’élèves et n’ont pas touché ceux qui en avaient le plus besoin.

Enfin, certaines familles depuis le confinement ont coupé les liens avec la sociabilisation scolaire. Il semblerait que pour certaines, cette situation perdure à la rentrée et que le choix de l’instruction à domicile soit en hausse. La FSU 48 souhaiterait qu’un bilan départemental soit fait sur cette question et puisse être mis en perspective par rapport aux chiffres connus pour l’année scolaire dernière.

Les ambitions ministérielles concernant la scolarisation des élèves porteurs de handicap se heurtent d’une part aux effectifs trop chargés de certains dispositifs, notamment dans le second degré, et d’autre part  à la situation des personnels AESH à cette rentrée : contrairement aux engagements de notre administration départementale, persistent encore à ce jour des problèmes d’emploi du temps, d’affectations, de communication et de protection pour que ces personnels puissent exercer leur activité avec le niveau de protection requis. Les structures PIAL existantes posent des difficultés (nombre d’élèves à suivre pour chaque AESH, nombreuses réunions avec les équipes…) et la faible visibilité sur l’organisation des prochains PIAL inquiète des personnels qui demandent une clarification de l’organigramme départemental de ce secteur.

Une rentrée particulière donc, qui traduit la mise en œuvre concrète d’une politique éducative rétrograde avec une communication ministérielle qui est loin de refléter la réalité. Ceci ajoute au stress ambiant. La communauté éducative n’est dupe, ni sur ces annonces, ni sur les objectifs de la politique ministérielle.  Une rentrée qui, pour la FSU48, montre bien, si l’on en doutait encore, que l’école de notre pays n’est vraiment pas la priorité de ce gouvernement. C’est méprisant pour notre rôle et nos missions, c’est nuisible à la démocratisation, c’est dramatique pour la jeunesse d’aujourd’hui et au-delà… c’est irresponsable pour la société de demain !

Pour la FSU48, le « monde d’après » ne pourra pas être celui d’avant en pire ! C’est dans la perspective de construction d’un plan collectif de relance économique respectueuse des valeurs sociales et environnementales que la FSU appelle tous les personnels à se mobiliser le 17 septembre à 17h à Mende dans le cadre de la journée nationale d’action inter professionnelle.

Les élus FSU au CTSD de la Lozère