FORTE MOBILISATION DANS LES RUES DE MENDE
2000 personnes pour dire NON
au projet de réforme des retraites
RETRAITE PAR POINTS = RETRAITE EN MOINS
FSU Lozère
Discours 5 décembre 2019
Cette journée nationale d’action interprofessionnelle avec le mot d’ordre NON à la casse du régime de répartition des retraites au profit d’un soi-disant régime universel par points est pour la FSU une première étape d’un mouvement social qui doit se construire dans la durée, dans l’unité la plus large possible, dans le nombre le plus important pour instaurer un rapport de force gagnant.
Ce gouvernement empile et assume pleinement depuis bientôt trois ans les contre réformes destructrices de nombreuses solidarités conquises pour certaines depuis la Libération. Il poursuit la lente déconstruction libérale, enclenchée depuis plusieurs décennies par différents gouvernements qui, au nom de la rentabilité, de la casse des solidarités au profit d’un repli individualiste plus à même de satisfaire les appétits des marchés financiers, s’attaque à toutes les solidarités : après la casse du droit du Travail, d’une partie des droits à l’assurance chômage, du paritarisme dans la fonction publique, il vise maintenant à s’attaquer au système de retraite construit après guerre sur des principes fondamentaux.
Ambroise Croizat, ministre du Travail et de la sécurité sociale en 1946 et 1947 avait exprimé en une phrase l’enjeu politique et sociétal du régime général des retraites par répartition : « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ». Le système mis en place était construit sur des mots clés fondamentaux : « Unicité – Universalité – Solidarité et Démocratie ».
Voilà les valeurs et les principes auxquels s’attaque aujourd’hui le projet de réforme par points.
Comme nous avons pu l’exprimer sur la banderole intersyndicale qui ouvrira cette manifestation : la retraite par points = la retraite en moins.
Le changement systémique basé sur le passage d’un système répartition intergénérationnelle à un système de cumul individuel de points fige, pour les futurs retraités, les inégalités salariales des actifs. Sans solidarité intergénérationnelle et comptable, au profit d’un contributivité fixe, certaines catégories d’actifs vont se retrouver avec des pensions fortement diminuées : les femmes qui subissent des carrières hachées et des salaires en moyennes inférieurs de 24 % à ceux des hommes, les fonctionnaires qui verraient leur montant de pension calculé sur toute la carrière au lieu des 6 derniers mois, tous les actifs qui passeraient d’un calcul sur les 25 meilleures années à toute la durée de leur carrière. Plus grave encore pour tous : vouloir prolonger l’âge de départ en retraite tout en maintenant le système de décote, c’est aboutir, à organiser un système qui verra réapparaître les retraités pauvres, où chacun sera responsable de son niveau de pension à cause de l’ensemble de ses choix tout au long de sa carrière.
Pour éviter la pauvreté, une solution est offerte par ce système individualiste : la capitalisation… pour ceux qui tout au long de leur vie professionnelle auront les moyens de capitaliser. Pour les autres…
Ce gouvernement cherche à opposer les citoyens entre eux : cela à d’abord été les salariés qui ont des régimes spéciaux (moins de 3% des actifs) contre les autres… Les citoyens ont cependant compris que tous perdraient si ce projet venait à se mettre en place. Alors le gouvernement nous a rejoué la vieille rengaine les vieux contre les jeunes. Ici encore sa communication n’a pas fonctionné car que l’on soit déjà retraité, actif en fin de carrière, actif en début de carrière, au jeune en formation et se préparant à entrer prochainement sur le marché du travail : le nouveau système sera, pour l’immense majorité des cas, un système produisant des niveaux de pension dégradés. Pourquoi ? Parce que le gouvernement impose un choix dogmatique financier contraint : moins de 14 % du PIB consacrés aux retraites alors que le nombre de retraités va augmenter. Enfin, depuis 3-4 jours, le gouvernement reprend les vieilles antiennes : les grévistes et les manifestants prennent en otage les « vrais travailleurs », les syndicats ne représentent plus rien dans le monde du travail actuel. La mobilisation de ce jour nous prouve tout le contraire !!
Le mouvement social qui s’engage va être long, parfois dur, mais nous devons collectivement le mener jusqu’au bout pour le gagner car nous sommes porteurs de propositions pour construire une réforme des retraites qui permette d’améliorer la situation actuelle et future des retraités et pensionnés : la faiblesse des pensions et avant tout liée à la faiblesse des salaires qui doivent tous être revalorisés ; les déroulements de carrières doivent tous être améliorés, la prise en compte de la pénibilité du travail doit être enfin reconnue, la difficulté des fins de carrières doit être prise en compte, l’amélioration des droit familiaux s’impose, des droits nouveaux doivent être pris en compte (aidants familiaux, réversion pour les couples pacsés, prise en compte les périodes de formation…), dans la fonction publique le code des pensions doit être conservé car il est l’un des piliers du statut général de la Fonction publique qui fait des pensions civiles et militaires un salaire continué de tous les agents.
Pour la FSU, il est nécessaire de garantir le départ en retraite à 60 ans avec un niveau de pension d’au moins 75 % du revenu d’activité pour une carrière complète.
Vous allez tous me dire : cela coûte cher !
La réponse et non, car la retraite est de plus en plus financée par les actifs et de moins en moins financée par le capital.
Les marges de progrès sont dans ce domaine considérables : financer la retraite en reformant l’assiette des cotisations patronales en modulant par exemple le taux de cotisation en fonction de la politique d’emploi de l’entreprise et des gains de productivité offre d’énormes possibilité ; faire participer à la cotisation pour les retraites les produits financiers peut ouvrir des possibilités encore plus importantes ; supprimer les exonérations de cotisations patronales ne créant pas d’emplois et tirant les salaires vers le bas offre toujours plus de possibilités.
Une autre réforme des retraites est possible.
Le gouvernement a fait un choix politique et idéologique néfaste pour l’avenir de tous les actifs.
Notre mobilisation dans la durée doit le faire reculer.
Une nouvelle journée de grève, de nouveaux temps forts sont à organiser rapidement pour démontrer toute notre volonté dans ce domaine.